lundi 23 mai 2011

Anthony Graves : « Ces lettres étaient un espoir d’humanité»

>> Que ressentez-vous avant votre rencontre avec Michèle et Jean-Paul à Lyon ?
C’est un rêve. Je suis très impatient de les voir, de les embrasser ! Ils sont comme des membres de ma famille. Leurs lettres étaient, comme celles écrites par d’autres personnes, un espoir d’humanité.
>> Ont-elles été importantes pour survivre?
Oui, très importantes. Elles m’ont permis de tenir, autant que le fait de savoir que j’étais innocent.
>> Dix-huit ans en prison, dont douze dans le couloir de la mort, alors que vous étiez innocent : c’est difficile à imaginer pour nous…
C’était difficile à comprendre pour moi aussi.
>> Quel est votre pire souvenir de cette détention ?
D’être dans le couloir de la mort avec 300 autres prisonniers en attente d’exécution, dont beaucoup sont devenus mes amis : ça, c’est la pire expérience pour moi. Il fallait survivre à chaque jour. C’est très dur d’être condamné à mort pour quelque chose que vous n’avez pas fait.
>> Et le jour de votre libération ?
C’était comme Noël pour les enfants. Un jour très émouvant pour moi et ma famille. La justice a été rendue.
>> Une autre vie est-elle possible après ?
Bien sûr. Surtout quand on a les amis que j’ai. Je suis très positif : je pense à demain, pas au passé. Jamais cette expérience ne me fait cauchemarder. Ces dix-huit ans de prison, c’était comme un examen à l’école. Je l’ai réussi et maintenant, je dois témoigner pour aider d’autres prisonniers à surmonter l’inhumaine injustice.
>> La justice américaine n’a-t-elle que des mauvais côtés ?
Nous avons une bonne loi mais ce sont les gens et la politique qui sont mauvais.
Anthony Graves donnera une conférence publique ce soir entre 18 et 20 heures à la salle Camille Néel, 36, rue Félix-Brun, à Lyon.
Recueilli et traduitde l’anglais (États-Unis)par Nicolas Ballet
 
Le Progrès - publié le 21 mai 2011

Anthony Graves a tenu bon grâce aux lettres d’un couple qu’il va rencontrer pour la première fois

L’histoire. Anthony Graves a tenu bon grâce aux lettres d’un couple qu’il va rencontrer pour la première fois

Jean-Paul Vulliez et Michèle Passieux ont ressorti les lettres d’Anthony Graves, jeudi, à Lyon / Photo RICHARD MOUILLAUD
Anthony Graves : « Ces lettres étaient un espoir d’humanité»

Sur les quais de la gare de la Part-Dieu, aujourd'hui 21 mai à Lyon, un grand gaillard du Texas se précipitera dans les bras de Jean-Paul, et, plus tard, dans ceux de Michèle. L’histoire d’une incroyable amitié, née à 9000 kilomètres de distance. Pour la première fois, Anthony Graves, rescapé du couloir de la mort aux États-Unis, et libéré à l’automne dernier, va rencontrer le seul couple français qui l’a soutenu sans relâche en lui écrivant pendant six ans. Son voyage a été payé par Amnesty Suède et l’ex-condamné à mort déclaré innocent après dix-huit ans d’incarcération, termine sa « tournée » de remerciement en Europe par Lyon, sa seule étape française. Il arrivera de Vichy avec Isabelle Perin, la cofondatrice de l’association de soutien « Mains unies pour la justice », qui l’avait visité plusieurs fois en prison. « Je suis allée le chercher à Paris, il est en pleine forme. C’était très drôle : on pouvait se toucher, il n’y avait plus cette glace entre nous, et il ne portait plus cet habit blanc, puis rayé » témoigne-t-elle au téléphone. Michèle et Jean-Paul vont héberger Anthony ce week-end dans leur appartement de Lyon, avant son retour lundi aux États-Unis. C’est à Lyon qu’ils nous ont reçus mercredi et jeudi matins, émus. « Oh, je me suis dit l’autre soir, « il y a encore ça que j’ai oublié de vous raconter ! » sourit Michèle en ressortant la bonne trentaine de lettres d’Anthony, précieusement conservée dans une chemise hermétique. Leur correspondance avait démarré début 2005 après une réunion publique de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, association opposée à la peine de mort. L’échange épistolaire s’est poursuivi sans arrêt depuis, au rythme d’une lettre tous les mois et demi environ. Michèle : « Je lui écrivais -en anglais- qu’il devait avoir un regard de sociologue pour tenir le coup. On lui posait des questions sur sa détention, et il y répondait. » Jean-Paul rajoutait quelques mots à lui. Il confie aujourd’hui : « Ce qui est terrible, c’est l’attente de la sentence, Anthony ne savait pas ce qu’il allait devenir, alors qu’il était innocent. On a crié de joie quand sa condamnation à mort a été cassée ». Les lettres du rescapé sont parfois écrites au stylo à bille, parfois au crayon à papier - humiliations infligées par les gardiens pour l’obliger à venir leur réclamer un taille-crayon. Il y raconte les réveils forcés à 3 heures du matin pour manger un sandwich, « la bouffe toujours froide », « les douches bouillantes », les cellules retournées sans raison par les surveillants… « Anthony détruisait nos courriers à mesure, pour éviter qu’ils ne soient utilisés contre lui par les gardiens » ajoute Michèle. « Ce n’est pas grave : ces lettres, elles sont dans son cœur. Il est notre ami et nous avons tellement hâte de le voir ! »
 
Nicolas Ballet
Le Progrès - 21 Mai 2011 

http://www.leprogres.fr/france-monde/2011/05/21/rescape-du-couloir-de-la-mort-au-texas-il-vient-a-lyon-pour-remercier-ses-amis

vendredi 20 mai 2011

Nouvelles de l'indemnisation

Un projet de loi déposé par le Sénateur Rodney Ellis, permettant à Anthony Graves d'être indemnisé par l'Etat du Texas a été approuvé aujourd'hui par le Sénat. 
L’indemnisation lui avait été refusée en début d'année (cf : L'Etat du Texas, Anthony Graves et l'argent, une autre incroyable histoire ...).
Ce projet de loi doit maintenant être examiné par la chambre des députés.


Pour en savoir plus :
 
Ellis passes ‘innocence protection’ bills - Houston Chronicle
http://blog.chron.com/texaspolitics/2011/05/ellis-passes-innocence-protection-bills/

Senate Approves Anthony Graves Compensation Bill by Brandi Grissom and Julian Aguilar

http://www.texastribune.org/texas-dept-criminal-justice/death-penalty/senate-approves-anthony-graves-compensation-bill/

Rencontre avec Anthony Graves rescapé du couloir de la mort

Communiqué de presse

Anthony Graves, afro-amé­ri­cain de 45 ans, a passé 18 ans en prison dont 12 dans le cou­loir de la mort du Texas. Il avait été accusé injus­te­ment du meur­tre d’une famille et condamné à mort suite à l’achar­ne­ment d’un pro­cu­reur peu scru­pu­leux.

Les juges d’une cour fédé­rale avaient annulé cette condam­na­tion à mort en mars 2006. Un nou­veau procès aurait dû avoir lieu au prin­temps 2011, mais l’enquête du nou­veau pro­cu­reur le condui­sit à décla­rer Anthony Graves inno­cent. Il a été libéré le 27 octo­bre 2010.

Il rejoint donc les 138 autres condam­nés à mort libé­rés aux USA depuis 1973.

Grâce au sou­tien moral de ses amis durant ces lon­gues années, il s’est inséré rapi­de­ment dans la vie. Il ne cesse d’être invité pour des confé­ren­ces et des inter­views télé­vi­sées au Texas. Il vient en Europe pour remer­cier et témoi­gner.

Il sera à Lyon le samedi 21 mai 2011 de 18h à 20h (confé­rence et ques­tions) :
Salle Camille Néel, 37 rue Félix Brun, Lyon 7è (métro B, arrêt Place Jean Jaurès, 7 mn à pied. Bus : 47 ou 32, arrêt Girondins Yves Farge).
Gratuit. Libre par­ti­ci­pa­tion aux frais.(Prix Libre)

Anthony Graves en balade dans la forêt - le 20 mai 2011 (03)

Anthony Graves : arrivée à Paris le 19 mai 2011

Anthony Graves : conférence à l'université de Bern (Suisse)