vendredi 27 mai 2011

Graves likely to get money, but he still wants justice - Houston Chronicle

Indemnisation : un autre article de presse en anglais
  
Graves likely to get money, but he still wants justice -He's fighting Texas AG in court for a declaration of innocence -By HARVEY RICE -HOUSTON CHRONICLE -May 25, 2011
http://www.chron.com/disp/story.mpl/metropolitan/7579950.html

Rescapé du couloir de la mort - Lyon capitale

Rescapé du couloir de la mort

Par Sofia Babani
Posté le 24/05/2011
 
Ce samedi 21 mai, Anthony Graves est venu partager son histoire à Lyon, seule ville française de sa tournée européenne. Ce père de trois enfants a passé plus de 18 ans de sa vie en prison dont 12 dans le couloir de la mort au Texas.
Anthony Graves ()
@Des mains unies pour la justice
Anthony Graves est un afro-américain à la carrure imposante. Un peu rond, le regard bienveillant, il ne dégage aucune rancune. A le voir, on ne soupçonne rien de son histoire. Il a l'air serein et étonnamment apaisé. Lorsque cet homme sorti de l'enfer arrive sur la scène, le silence se fait et les regards de l'assistance gagnent en humilité. Ce n'est qu'au cours de son récit qu'on peut lire, de temps à autre, l'affliction sur son visage. S'apprêtant à nous livrer son histoire, il se lève en précisant dans sa langue maternelle "J'ai besoin de me lever car l'histoire que je vais raconter, je ne peux la raconter assis". Un récit déconcertant commence: "Le 18 août 1992, ma vie a changé".
"Les pires des pires détenus" 
En août 1992, la famille Davis est sauvagement assassinée à Sommerville. Le suspect n°1 est rapidement repéré à cause des bandages recouvrant son visage et ses mains brûlés. Il s'agit de Robert Carter. Le nombre d'armes et de victimes laisse penser que Carter ne peut être le seul coupable. Sous la pression des autorités qui menacent de poursuivre son épouse, le suspect nomme le cousin de sa femme, Anthony Graves, comme complice. Le 31 mai 1992, ce dernier est arrêté. A l'époque, il a 27 ans. La nuit du crime, il était chez sa mère avec sa petite amie, son frère et sa sœur. Le procès a lieu deux ans et trois mois plus tard, en octobre 1994. En 1992, Robert Carter revient rapidement sur ses fausses déclarations mais lors du procès, il choisit de témoigner contre Anthony Graves. On découvre plus tard qu'il le fait sous la pression du Procureur qui menace d'inculper son épouse. Après 9 heures de délibération, "le jury blanc et le procureur blanc" condamnent Graves à la peine de mort.
Le 1er novembre 1992, un homme innocent est envoyé dans le 'Death Row'* pour un crime qu'il n'a pas commis: "Je n'en savais rien excepté ce que j'en avais vu à la télévision: un couloir habité par des monstres.", déclare Anthony. Graves est placé dans l'aile J23 où se trouvent "les pires des pires détenus". Il se prépare alors à cohabiter avec un gang de monstres. La réalité est toute autre. Il nous confie: "Là-bas, j'ai découvert des êtres humains devenus mes meilleurs amis, des membres de ma famille étendue." En douze ans et demi, il a vu 300 de ses "frères" être exécutés, là où "des enfants, pères, frères, maris sont sortis par la porte arrière et assassinés de sang froid".
Anthony Graves ()
@Sofia Babani
La réhabilitation, 18 ans après
En 2006, après des années de lutte auprès du tribunal, la décision est retournée. L'affaire est, depuis cinq ans, entièrement ré-étudiée par l'équipe de Nicole Casarez du Réseau d'Innocence du Texas. On découvre les faux témoignages de Carter et l'affaire jouit d'une médiatisation croissante. Graves reste en prison quatre années de plus car l'État refuse d'accepter son erreur à cette époque où la peine de mort est déjà remise en question.
La juge qui préside le second procès de 2010 n'est nulle autre que la fille du juge qui a condamné Graves en 1994. Cela n'empêche pas l'évidente innocence d'Anthony Graves d'éclater. Le rescapé nous raconte: "Après 2 mois, un officier vient dans ma cellule et me demande de le suivre. Nous sommes arrivés dans une pièce où se trouvaient mes deux avocats. L'un d'eux essayait de retenir ses larmes. Je me suis dit 'Après 18 ans, encore des mauvaises nouvelles...' L'un d'eux s'est approché de moi." Là, on lui annonce que toutes les charges retenues contre lui ont été retirées. "Pour la première fois en 18 ans, je sentais les rayons du soleil de la liberté sur mon visage", dit-il avec émotion.
Loin des barreaux, un nouveau combat
Aujourd'hui, Graves travaille pour le service de défense du Texas où il mène des enquêtes sur les cas de prisonniers du 'Death Row'. Il appelle à s'engager contre la peine de mort: "Des êtres humains sont assassinés. La peine de mort doit être abolie". Aujourd'hui, le débat est ouvert dans tous les états y compris au Texas, premier exécuteur avec 442 mises à mort depuis 1982 et 19 sur les 42 pratiquées aux Etats-Unis en 2009. Sont dénoncés le coût exorbitant des condamnations à mort (2,3 millions de dollars en moyenne) et, surtout, le risque d'erreur judiciaire qui conduirait à tuer un innocent. Parallèlement, Anthony Graves mène un combat personnel: recevoir l'indemnisation de 1.440.000$ (80 000$ par année d'emprisonnement) que lui doit l'Etat. Susan Combs, inspectrice des finances, refuse le versement en avançant comme motif que la Cour n'a pas utilisé les mots 'actual innocence' dans son ordre de libération. Durant les six années où Bush a été gouverneur du Texas, il a présidé à plus de 152 exécutions. Son successeur, Rick Perry, a atteint 200 exécutions. Graves a foi en la jeunesse qui croit en la mixité et qui, "quand elle aura à prendre une décision, abolira la peine de mort".
*Couloir de la mort

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Une Lyonnaise l'a soutenu
Isabelle Perrin de l'association lyonnaise Des Mains Unies pour la Justice était présente. Après avoir répondu à une demande de soutien par correspondance, elle commence à écrire à Anthony Graves sans rien connaître de son histoire. En 2002, elle lui rend visite à la prison de Polunsky au Texas. A son retour et à la demande du prisonnier, elle crée le groupe afin de financer sa défense et, par la suite, faire connaître son histoire pour mieux informer sur la réalité de la peine de mort: "On ne réalise pas la gravité du système. Je constate qu'à Lyon, nous ne sommes pas si bien informés sur le sujet. Les militants associatifs ont à coeur de faire passer le message et d'ouvrir les yeux du public." 

LYON CAPITALE.FR
http://www.lyoncapitale.fr/lyoncapitale/journal/univers/Actualite/International/Rescape-du-couloir-de-la-mort

Interviews en Suisse

Lors de son séjour en Suisse, Anthony a été invité par la chaîne
Schaffhausen : 
 
Voici le documentaire (en Allemand et en anglais)
 
http://www.shf.ch/index.php?heute-im-gespraech-16-mai-2011-anthony-graves

http://www.shf.ch/index.php?Heute-im-GesprAch-aE-17-Mai-2011-Anthony-Graves
 
 
 
 

lundi 23 mai 2011

A Paris, le 22 mai 2011



Anthony et Paris...


Un Big Bonheur !!!

Conférence à Lyon le 21 mai 2011






Lyon.Le Texan a passé 18 ans en prison alors qu’il était innocent.

Lyon.Le Texan a passé 18 ans en prison alors qu’il était innocent. Hier matin, il a rencontré pour la première fois Michèle et Jean-Paul, un couple qui l’a soutenu pendant sa détention

À la sortie du train en provenance de Clermont-Ferrand, hier matin, Anthony Graves a serré Jean-Paul Vulliez dans ses bras. Derrière cette banale scène de gare, se conclut une histoire extraordinaire.
Les deux hommes font à peu près la même taille. L’un est noir. Natif d’une petite ville du Texas, il est plutôt rond et ne paraît pas ses 46 ans. L’autre est blanc et tout fin. Retraité, il partage, avec sa compagne Michèle Passieux, un appartement du quartier de Gerland à Lyon.
Anthony et Jean-Paul se rencontrent pour la première fois après avoir correspondu pendant six ans. Pendant cette période, le premier était derrière les barreaux. Accusé en 1994 d’avoir participé au meurtre d’une famille de six personnes, il a été condamné à mort. « Je suis si content », dit-il en étreignant son correspondant lyonnais dans une grande émotion. Libéré en octobre 2010, Anthony est venu hier à Lyon pour donner une conférence et remercier le couple qui l’a soutenu. Michèle, surtout, avec laquelle il a correspondu pendant six ans.
La dame a du mal à marcher. Elle n’a pas pu se rendre à la gare. C’est donc au cinquième étage de l’immeuble qu’elle a patienté pour à son tour embrasser l’ex-détenu. « J’attendais ce moment. Je savais que ce serait unique. Pouvoir rencontrer celui qui a bien failli y passer… ». Dans l’appartement, flotte une bonne odeur de poisson au beurre blanc. Jean-Paul est aux fourneaux. Serviettes à carreaux, salades d’été, la table est d’une simplicité accueillante.
Michèle Passieux est militante à l’Acat (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) Il y a six ans, son association lui a proposé d’écrire à Anthony. « Je lui ai envoyé une première carte postale. Il m’a répondu par une lettre et ça n’a plus jamais fini ». Elle a su lui faire dire les « douches bouillantes », « les réveils forcés » « la bouffe toujours froide ». Une somme d’humiliations quotidiennes dans l’incertitude de son sort final.
De Lyon, Michèle l’a encouragé à tenir le coup. « Tous les mots ont été importants » souligne Anthony Graves dans un grand sourire. « Ils ont été écrits dans l’amitié, la bienveillance. Ils m’ont permis aussi de découvrir la culture française, comment on vit ici ». L’Américain n’est pas surpris. « À travers les lettres, on peut percevoir une personne. Michèle, c’est comme ma famille ».
Aujourd’hui, il reprend l’avion à Paris pour rentrer chez lui. « Être en France, c’est ce dont rêve tout petit garçon américain », sourit-il encore. Entre le rêve et la réalité, se sont écoulés lentement dix-huit ans d’enfermement sur erreur judiciaire. Alors, Anthony Graves a envie de rester encore un peu sur le balcon de l’appartement lyonnais. Pour la vue, le ciel, les arbres… Le regard vers l’extérieur, et à l’intérieur, la vie qui continue ou qui recommence.

Le Progrès, publié le 22 mai 2011
http://www.leprogres.fr/loire/2011/05/22/anthony-graves-condamne-a-mort-par-erreur-a-retrouve-ses-amis

Anthony Graves : « Ces lettres étaient un espoir d’humanité»

>> Que ressentez-vous avant votre rencontre avec Michèle et Jean-Paul à Lyon ?
C’est un rêve. Je suis très impatient de les voir, de les embrasser ! Ils sont comme des membres de ma famille. Leurs lettres étaient, comme celles écrites par d’autres personnes, un espoir d’humanité.
>> Ont-elles été importantes pour survivre?
Oui, très importantes. Elles m’ont permis de tenir, autant que le fait de savoir que j’étais innocent.
>> Dix-huit ans en prison, dont douze dans le couloir de la mort, alors que vous étiez innocent : c’est difficile à imaginer pour nous…
C’était difficile à comprendre pour moi aussi.
>> Quel est votre pire souvenir de cette détention ?
D’être dans le couloir de la mort avec 300 autres prisonniers en attente d’exécution, dont beaucoup sont devenus mes amis : ça, c’est la pire expérience pour moi. Il fallait survivre à chaque jour. C’est très dur d’être condamné à mort pour quelque chose que vous n’avez pas fait.
>> Et le jour de votre libération ?
C’était comme Noël pour les enfants. Un jour très émouvant pour moi et ma famille. La justice a été rendue.
>> Une autre vie est-elle possible après ?
Bien sûr. Surtout quand on a les amis que j’ai. Je suis très positif : je pense à demain, pas au passé. Jamais cette expérience ne me fait cauchemarder. Ces dix-huit ans de prison, c’était comme un examen à l’école. Je l’ai réussi et maintenant, je dois témoigner pour aider d’autres prisonniers à surmonter l’inhumaine injustice.
>> La justice américaine n’a-t-elle que des mauvais côtés ?
Nous avons une bonne loi mais ce sont les gens et la politique qui sont mauvais.
Anthony Graves donnera une conférence publique ce soir entre 18 et 20 heures à la salle Camille Néel, 36, rue Félix-Brun, à Lyon.
Recueilli et traduitde l’anglais (États-Unis)par Nicolas Ballet
 
Le Progrès - publié le 21 mai 2011

Anthony Graves a tenu bon grâce aux lettres d’un couple qu’il va rencontrer pour la première fois

L’histoire. Anthony Graves a tenu bon grâce aux lettres d’un couple qu’il va rencontrer pour la première fois

Jean-Paul Vulliez et Michèle Passieux ont ressorti les lettres d’Anthony Graves, jeudi, à Lyon / Photo RICHARD MOUILLAUD
Anthony Graves : « Ces lettres étaient un espoir d’humanité»

Sur les quais de la gare de la Part-Dieu, aujourd'hui 21 mai à Lyon, un grand gaillard du Texas se précipitera dans les bras de Jean-Paul, et, plus tard, dans ceux de Michèle. L’histoire d’une incroyable amitié, née à 9000 kilomètres de distance. Pour la première fois, Anthony Graves, rescapé du couloir de la mort aux États-Unis, et libéré à l’automne dernier, va rencontrer le seul couple français qui l’a soutenu sans relâche en lui écrivant pendant six ans. Son voyage a été payé par Amnesty Suède et l’ex-condamné à mort déclaré innocent après dix-huit ans d’incarcération, termine sa « tournée » de remerciement en Europe par Lyon, sa seule étape française. Il arrivera de Vichy avec Isabelle Perin, la cofondatrice de l’association de soutien « Mains unies pour la justice », qui l’avait visité plusieurs fois en prison. « Je suis allée le chercher à Paris, il est en pleine forme. C’était très drôle : on pouvait se toucher, il n’y avait plus cette glace entre nous, et il ne portait plus cet habit blanc, puis rayé » témoigne-t-elle au téléphone. Michèle et Jean-Paul vont héberger Anthony ce week-end dans leur appartement de Lyon, avant son retour lundi aux États-Unis. C’est à Lyon qu’ils nous ont reçus mercredi et jeudi matins, émus. « Oh, je me suis dit l’autre soir, « il y a encore ça que j’ai oublié de vous raconter ! » sourit Michèle en ressortant la bonne trentaine de lettres d’Anthony, précieusement conservée dans une chemise hermétique. Leur correspondance avait démarré début 2005 après une réunion publique de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, association opposée à la peine de mort. L’échange épistolaire s’est poursuivi sans arrêt depuis, au rythme d’une lettre tous les mois et demi environ. Michèle : « Je lui écrivais -en anglais- qu’il devait avoir un regard de sociologue pour tenir le coup. On lui posait des questions sur sa détention, et il y répondait. » Jean-Paul rajoutait quelques mots à lui. Il confie aujourd’hui : « Ce qui est terrible, c’est l’attente de la sentence, Anthony ne savait pas ce qu’il allait devenir, alors qu’il était innocent. On a crié de joie quand sa condamnation à mort a été cassée ». Les lettres du rescapé sont parfois écrites au stylo à bille, parfois au crayon à papier - humiliations infligées par les gardiens pour l’obliger à venir leur réclamer un taille-crayon. Il y raconte les réveils forcés à 3 heures du matin pour manger un sandwich, « la bouffe toujours froide », « les douches bouillantes », les cellules retournées sans raison par les surveillants… « Anthony détruisait nos courriers à mesure, pour éviter qu’ils ne soient utilisés contre lui par les gardiens » ajoute Michèle. « Ce n’est pas grave : ces lettres, elles sont dans son cœur. Il est notre ami et nous avons tellement hâte de le voir ! »
 
Nicolas Ballet
Le Progrès - 21 Mai 2011 

http://www.leprogres.fr/france-monde/2011/05/21/rescape-du-couloir-de-la-mort-au-texas-il-vient-a-lyon-pour-remercier-ses-amis